AMEN
C'est une belle nuit pour faire la guerre
Une belle nuit pour se disputer
Une belle nuit comme toutes les autres d'ailleurs
Certains dorment, d'autre se mélangent
Des corps se cherchent, se dispersent
Beaucoup dépriment, peu s'en remettent
Les bringueurs font la fête
Quoi que l'on dise, quoi que l'on fasse,
Dans n'importe quel état qu'on est
La nuit elle, est toujours belle
Et toujours là pour nous bercer
Quoi que l'on pense, où que l'on soit
Dans n'importe quel état qu'on est
La nuit elle, est toujours belle, toujours belle
Ah ! Mais comme il est beau le jour, Amen
Ah mais qu'il est beau tous les jours, Amen
Il est là pour les mal-aimés, aussi là pour les enculés
Il encaisse, il encaisse
On a beau dire, on a beau faire
Tout ce qu'on peut pour tout gâcher
Mais le jour lui, n'en a rien à faire
Il est si dense et coloré
On a beau rire ou beau pleurer
Se défoncer pour oublier
Mais le jour lui, n'en a rien à faire
Il est si dense et coloré
Il est là pour nous rassurer
Jusque-là tout va bien, Amen
Jusque-là tout va bien, Amen
RESPIRE
Approche-toi petit, écoute-moi gamin,
Je vais te raconter l'histoire de l'être humain
Au début y avait rien au début c'était bien
La nature avançait y avait pas de chemin
Puis l'homme a débarqué avec ses gros souliers
Des coups d'pieds dans la gueule pour se faire respecter
Des routes à sens unique il s'est mis à tracer
Les flèches dans la plaine se sont multipliées
Et tous les éléments se sont vus maîtrisés
En 2 temps 3 mouvements l'histoire était pliée
C'est pas demain la veille qu'on fera marche arrière
On a même commencé à polluer le désert
Il faut que tu respires, et ça c'est rien de le dire
Tu vas pas mourir de rire, et c'est pas rien de le dire
D'ici quelques années on aura bouffé la feuille
Et tes petits-enfants ils n'auront plus qu'un oeil
En plein milieu du front ils te demanderont
Pourquoi toi t'en as 2 tu passeras pour un con
Ils te diront comment t'as pu laisser faire ça
T'auras beau te défendre leur expliquer tout bas
C'est pas ma faute à moi, c'est la faute aux anciens
Mais y aura plus personne pour te laver les mains
Tu leur raconteras l'époque où tu pouvais
Manger des fruits dans l'herbe allongé dans les prés
Y avait des animaux partout dans la forêt,
Au début du printemps, les oiseaux revenaient
Il faut que tu respires, et ça c'est rien de le dire
Tu vas pas mourir de rire, et c'est pas rien de le dire
Il faut que tu respires, c'est demain que tout empire
Tu vas pas mourir de rire, et c'est pas rien de le dire
Le pire dans cette histoire c'est qu'on est des esclaves
Quelque part assassin, ici bien incapable
De regarder les arbres sans se sentir coupable
A moitié défroqués, 100 pour cent misérables
Alors voilà petit, l'histoire de l'être humain
C'est pas joli joli, et j'connais pas la fin
T'es pas né dans un chou mais plutôt dans un trou
Qu'on remplit tous les jours comme une fosse à purin
MIMOUN, FILS DE HARKI
Mimoun, il fait des trous dans des cartons
Tous les matins il va pointer
Dans l'usine où ça sent pas bon
Où tout le monde fait que d'tousser
Il sait pas très bien d'où il vient
Tout ce qu'il sait c'est qu'il est pas français
Il aurait bien aimé pourtant
Mais les gens font que d'l'éviter
Alors il reste planté là
Raconte des trucs à la fraiseuse
Qui lui dit "mon gars t'arrête pas"
Mimoun il a bientôt 40 ans
Mais il est toujours chez sa mère
C'est parce qu'elle est un peu malade
Depuis qu'elle a perdu son père
Et comme c'était lui le plus grand des fils
Il est parti bosser
A l'école, il s'débrouillait bien
L'aurait bien voulu continuer
Comme si la vie s'était posée sur lui
En lui disant "toi tu bouges pas
Les trucs jolis c'est pas pour toi"
Mimoun il imagine qu'il est déjà mort
C'est sa façon de s'évader
Et comme il y croit plus très fort
Il dit qu'un jour il va s'tailler les veines
Plutôt que de s'en aller
Pour être ailleurs un étranger
Qui fait peur à la ménagère
Et qui occupe les policiers
Alors il reste planté là
Raconte des trucs à la fraiseuse
Qui lui dit "mon gars t'arrête pas"
Comme si la vie s'était posée sur lui
En lui disant "toi tu bouges pas
Les trucs jolis c'est pas pour toi"
YALIL (LA FIN DES HARICOTS)
Y avait plus de soleil sur la ville
Et le vent nous glaçait le dos
Et tout le monde avait compris
Qu'c'était la fin des haricots
On s'enfermait comme des débiles
Et on rallumait les fourneaux
Chacun chez soi c'est plus facile
Pour soigner son manque de chaud
Yalil Yalil
Nar el kalam
Yalil Yalil
Nessi el ° Iyam
Yalil Yalil
Tar el Zaman
Yalil Yalil be°i el insan
On n'avait pas l'esprit tranquille
Et les chiens se moquaient de nous
Les clochards crevaient dans la nuit
Et l'abbé Pierre devenait fou
Si vos chiens l'hiver veulent sortir
C'est pas vraiment pour vous faire chier
Mais pour vous montrer dans leur style
Votre manque d'humanité
Yalil Yalil
Nar el kalam
Yalil Yalil
Nessi el ° Iyam
Yalil Yalil
Tar el Zaman
Yalil Yalil be°i el insan
LES GENS RAISONNABLES
Les gens raisonnables se lèvent toujours à l'heure
Ils n'oublient jamais leur cartable, font bien gaffe de rien abîmer
Ils mettent toujours une ou deux pièces de plus dans les horodateurs
Alors ça énerve les autres, qui les traitent souvent de PD
Les gens raisonnables n'ont pas la belle vie
Ils regardent les gens pas raisonnables
Et bien souvent ils les envient
Les gens raisonnables ne font jamais comme bon leur semble
Ils ne traitent personne de minable,
Ne s'agacent pas dans leur voiture
Et si jamais quelqu'un les blâme,
Même si ils savent qu'ils ont raison
Pour ne pas risquer l'incartade,
Ils s'excusent ou bien ils s'en vont
Les gens raisonnables n'ont pas la belle vie
Ils regardent les gens pas raisonnables
Et bien souvent ils les envient
Les gens raisonnables se prennent la tête des mauvais jours
Et des années insupportables passées à se faire oublier
Ils font toujours tout dans les règles et quand les règles sont injustes
Ils frappent du poing sur la table et se rassoient pour se calmer
Les gens raisonnables n'ont pas la belle vie
Ils regardent les gens pas raisonnables
Et bien souvent ils les envient
Les gens raisonnables ont plein de doutes, trop de soucis
Donc moins de souvenirs dans leur sac, à la fin de leur vie
DEMAIN FINIRA BIEN ?
Est-ce que demain finira bien ?
J'ai que 10 ans je n'en sais rien
Est-ce que les gens qui tirent sur les oiseaux
Ont-ils quelque chose dans leur cerveau ?
Je ne sais pas, je m'en fous
Ils feraient mieux d'aller tous boire un coup
Et si la nuit les chats sont gris
Est-ce que les petits pois sont rouges ?
Est-ce que les gens qui dorment tout le temps
Ont-ils l'impression d'être vivant ?
Est-ce que les gens qui vivent tout nu
Ont-ils un poil dans la main ?
Je ne sais pas, je m'en fous
On ferait mieux d'aller tous boire un coup
Et si la nuit les chats sont gris
Est-ce que les petits pois sont rouges ?
LES ENFANTS
Kèskizon kèskizon kèskizonzonzon
Les enfants les enfanfanfants
Sékoidon sékoidon sékoidondondon
Qui les rend, qui les rend si marrants
Kèskifon kèskifon kèskifonfonfon
Les enfants quand y deviennent grands
Une maison, du gazon, une femme et du chichon
Et des enfants pour faire passer le goût du chichon
Les enfants, les enfants regardent la télé
A l'autre bout du monde, certains vont travailler
Les enfants, les enfants regardent leurs jouets
Fabriqués par des enfants qui n'ont même pas dix ans
Et qui sont fatigués
Les enfants, les enfants, les enfants sont fatigués
Les enfants, les enfants, les enfants sont fatigués
Ils vont aller s'coucher, ils sont fatigués
Allez ! Au lit !
LA PEUR
J'ai rencontré la peur à l'âge de 4 ans
Dans la cour d'l'école maternelle la tête fait "Poc" sur le ciment
Ca m'fait plus mal maintenant, mais j'y pense souvent
On dit qu'les enfants sont méchants
Moi j'dis qu'ils ont encore d'la marge
Et surtout la chance d'avoir du temps
D'faire marche arrière et puis franchement
Qu'est-ce qu'ils en ont à foutre du temps,
Des aiguilles qui tournent et qui tournent et nous enfoncent dans le ciment
Ca les fait rire de nous voir comme des cons tirer la gueule
Alors ils chialent pas mal pour nous faire voir comme c'est marrant
J'ai retrouvé la peur à l'âge de 20 ans
J'avais rien demandé à personne elle s'est pointée comme ça doucement
Elle m'a frappé dans l'dos, elle m'a dit "va mettre tes rangeos
Et marche au pas derrière les autres"
J'en avais marre de prendre les chemins qu'on a toujours l'droit
Alors j'ai pris le gauche de toute façon c'est celui que j'préfère
LA VALLEE
Il y a des jours qui ne meurent pas
Et d'autres qui passent comme ça
Il y a des gens qui se souviennent
Et d'autres à qui l'on doit tout raconter
Y a plein de souvenir dans les bois
Et des histoires de maquisards
Y a des oiseaux et puis des anges
Qui jouent à cache-cache le dimanche
Ya des pluies qui ne meurent pas
Et d'autres qui passent comme ça
Il y a des gens qui se rappellent
Et d'autres à qui l'on doit tout répéter
Y a plein de fourmis dans les bois
Qui mangent des mousses au chocolat
Y a des papillons qui s'agacent
Mettez-vous un peu à leur place
Il y a des lunes de miel
Qui n'en finissent pas de sucrer
Et puis des montagnes de sel
Le monde est une vallée de larmes
CA M'ETONNE PAS
Une jolie petite fille qui marchait dans la rue
Que je connaissais pas Je lui dis :
"Petite fille qu'est-ce que tu fais dans ma rue,
Je ne te connais pas ?"
Elle me dit :
"Je viens juste de m'installer ici
Et si ça te plait pas
Tu peux me faire la gueule ou me pourrir la vie
Mais je ne partirai pas"
On aurait pourtant pu être amis, aller danser au bal
Se croiser le matin, se voir l'après-midi, se balader sous les étoiles
On pourrait pourtant tous être amis, un peu comme les fourmis
Mais les gens sont comme toi, toujours ils se méfient
Alors la guerre ça m'étonne pas
Une jolie petite fille qui marchait dans la rue
Que je n'connaissais pas
M'a fait prendre conscience en 2, 3 mots pas plus
Que je n'existe pas
Cette jolie petite fille qui marchait dans la rue
Je ne l'oublierai pas
J'ai voulu la revoir mai je n'ai jamais pu
Car Elle n'habite pas là
On aurait pourtant pu être amis, aller danser au bal
Se croiser le matin, se voir l'après-midi, se balader sous les étoiles
On pourrait pourtant tous être amis, un peu comme les fourmis
Mais les gens sont comme ça, toujours ils se méfient
Alors la guerre ça m'étonne pas
SI J'ETAIS TOI
C'est pas moi qui vais t'enlacer
Pas moi qui vais te consoler
C'est pas moi qui vais m'arrêter
J'ai pas le temps je suis trop pressé
Je pourrais certainement t'aider
Ou tout au moins te rassurer
Mais j'aimerais bien me calmer enfin
Tu vois, tu vois, moi si j'étais toi
Je me montrerais du doigt
Et je me foutrais de moi
C'est pas moi qui vais t'expliquer
Ou te dire que tout est parfait
C'est pas moi qui vais t'embrasser
J'ai pas le temps de m'amuser
Je préfère seulement te dire
Qu'il faut parfois se retenir
De chialer sur l'épaule des copains
Tu vois, tu vois, moi si j'étais toi
Je me montrerais du doigt
Et je me foutrais de moi
Tu vois, tu vois, je fais toujours tout à l'envers
Et je ne pense pas revenir en arrière
Tu vois, tu vois, j'ai bien du mal à me refaire
Et je n'crois pas, même si j'ai les genoux par terre
CHANSON DE RIEN DU TOUT
C'est une chanson de rien du tout
Qui vaut même pas trois francs six sous
Même pas la moitié d'un euro
C'est vous dire si elle vaut le coup
C'est une chanson qui me ressemble
Elle est née le vingt-quatre décembre
Á vingt-trois heures et des poussières
J'étais un p'tit peu en colère
J'aurais pu la j'té dans l'ruisseau
Ou la siffler rien que pour les oiseaux
Mais le ruisseau était gelé
Et les oiseaux, c'étaient, taillés
C'est une chanson de rien du tout
Qui vaut même pas trois francs six sous
Composée sur un vieux piano
Qui joue toujours un p'tit peu faux
C'est une chanson qui me rappelle
Y en a qui sont seuls, à Noël
Á vingt-trois heures et des poussières
On regarde le ciel de travers
J'aurais pu la j'té dans l'ruisseau
Ou la siffler rien que pour les oiseaux
Mais j'ai décidé d'la garder
Ça peut servir, on sait, jamais
LA MORT N'EXISTE PAS
Au lever du décor, il y a des hommes qui attendent le soir
Ils recherchent le nord, qu'ils ont perdu à force de boire
Il y a des femmes qui se meurent et renaissent à l'ouverture des bars
Oubliés leurs malheurs, la chaleur elle ne cherchent que ça
Ne l'oublie pas
La vie n'existe pas
Juste après les bombes, il y a des hommes qui comptent les morts
Des milliers de tombes, vont pouvoir se remplir encore
Il y a une femme qui s'effondre, le tireur n'l'a pas ratée cette fois
Une nouvelle hécatombe, le croque-mort se lèche les doigts
Ne l'oublie pas
La vie n'existe pas
Ne pleure pas
La mort n'existe pas
BEAUSEIGNE
Les enfants du village l'avaient senti pourtant
Les enfants pas très sages, n'en demandaient pas tant
Ils ont vu que la vie, n'était plus un cadeau
Et que le Père-Noël était un vrai salaud
Libérez les enfants, Beauseigne
Certains n'ont pas dix ans, Beauseigne
Qu'ils viennent d'Oradour ou bien de Ramalah
De la guerre du Kippour ou de Santa Barbara
Les enfants se ressemblent, mais ne se remplacent pas
Quand ils meurent en décembre, l'histoire se finit là
Libérez les enfants, Beauseigne
Certains n'ont pas dix ans, Beauseigne
Regardez les enfants, Beauseigne
Certain n'ont pas dix ans, Beauseigne
AVANCE (TITRE FANTÔME)
Allez va traîner sur la place
Va renifler le cul des fafs
Et si y en a un qui te plaît
Mords-lui les cuisses et les mollets
Allez va faire un tour en bas
Et puis dis-moi qu'est-ce tu vois
C'est pas les beaux jours qui reviennent
C'est le froid qui remplit la haine
Les bras cassés bien cabossés
Il ne te reste plus qu'à bosser
La dernière fois que je t'ai vue
T'avais l'air un peu plus cossue
Si on essayait un p'tit peu
De se regarder dans les yeux
Et si on évitait les flaques
Allez, avance
Allez va traîner dans les rues
Va trémousser ton joli cul
Et si y en a un qui te siffle
Tu t'approches, tu lui colles une gifle
Allez va faire un tour en France
Et puis dis-moi qu'est-ce que t'en penses
Le jour se lève, le vent se gâte
Les gens disent que c'est plus l'éclate
Inexplicable, inévitable
À poil étendue sur le sable
La dernière fois que je t'ai vue
T'avais l'air un peu plus charnue
Si on essayait un p'tit peu
De se regarder dans les yeux
Et si on évitait les claques
Allez, avance
Et ne te retournes pas ui ne peuvent pas
Et si tu penses
Que l'amour ça suffit comme ça
Reste en vacances
Et pense à ceux qui n'en ont pas
Mets bien ton corps en évidence
Et pense à celles qui n'en n'ont pas
Allez, ne te retournes pas